Colloque RUNED 2018 Lyon
22 au 23 mars 2018
Les recherches sur les usages du numérique en éducation semblent parvenues à une étape de relative maturité dans le paysage scientifique francophone : avec des revues maintenant bien installées (STICEF, ALSIC, Distance et Médiation des Savoirs, Revue internationale des technologies en pédagogie universitaire, Recherche & Formation), une communauté de chercheurs importante venant de différents champs disciplinaires, et des études de plus en plus robustes d’un point de vue méthodologique aboutissant à des résultats qui permettent une certaine cumulativité comme en témoigne l’ouvrage en hommage à Monique Linard (Albero, Simonian, Eneau, à paraître). Cette relative maturité ménage la possibilité de prendre un recul historique et critique vis-à-vis du numérique en éducation.
Le colloque Les usages du numérique en éducation s’emploiera donc à faire le point sur la question des usages du numérique en éducation et à examiner en particulier pourquoi la notion d’usage reste centrale dans la réflexion. Définie par Chambat (1994) comme une combinaison de pratiques de communication et de représentations qui leur sont associées, les usages du numérique peuvent constituer « un observatoire des cultures de travail du milieu » (Albero, 2013) et permettre de voir comment les différents acteurs (élèves, enseignants, parents, chefs d’établissement, étudiants et enseignants dans le supérieur et autres acteurs hors de l’école) s’emparent des outils numériques dont ils disposent, quels réseaux de signification ils (co)-construisent à leur sujet, et quels usages et « manières de faire » (Bonnery, 2009) ils déploient en lien avec des apprentissages formels ou informels et dans quels systèmes de contraintes. Le colloque s’intéressera aux pratiques éducatives en examinant l’usage des technologies comme un fait humain, historique et social qui implique des réseaux de relations, de significations, d’imaginaires, d’usages et d’actions (Hayles, 2013).
L’objectif principal sera ainsi de dresser un état des lieux de la recherche pluridisciplinaire sur les usages du numérique en éducation afin d’examiner d’une part comment les outils technologiques modèlent, transforment, perturbent le rapport aux apprentissages, aux savoirs, à l’institution, aux interactions didactiques et, d’autre part, de faire un état des lieux critique des différentes méthodologies déployées pour étudier ces usages. Il ne s’agira pas dans ce colloque de présenter des pratiques pédagogiques recourant aux outils numériques, mais plutôt d’examiner quels construits théoriques et méthodologiques sont mobilisés par les chercheurs afin d’étudier les usages du numérique en éducation pour les apprentissages formels et informels et pour la transmission des savoirs et sur quels résultats empiriques leurs recherches s’appuient selon leurs ancrages disciplinaires et épistémologiques.
Trois axes principaux sont proposés :
Un axe épistémologique permettra d’interroger la force heuristique de la notion d’usage (et des notions connexes en distinguant par exemple usages et utilisations) et de voir comment cette notion est travaillée dans les différents champs disciplinaires et dans d’autres cultures scientifiques hors la France. Dans le même ordre d’idée, il sera pertinent d’interroger le syntagme « le numérique » et son association avec la notion d’usage. Cet axe sera aussi l’occasion de s’interroger sur la transdisciplinarité, la cumulativité des résultats, et l’histoire d’un champ qui s’est construit autour d’un fait sociotechnique. Quelles théories sont établies, prometteuses, émergentes pour étudier les usages du numérique ? Les interventions permettront de réfléchir, en les rattachant à des études de cas précises, à des concepts qui se déploient pour étudier des usages toujours en évolution (concepts d’espace, de temporalité, de domination et d’émancipation, d’inégalités …) et à leurs enjeux actuels.
Un axe méthodologique explorera les différentes méthodes qui sont utilisées pour étudier les usages, le potentiel de celles-ci, leurs limites et leur complémentarité, la cumulativité qu’elles ménagent. On pourra examiner par exemple la portée de recherches longitudinales, ethnographiques, celle des approches combinant analyses quantitatives et qualitatives, ainsi que les outils de recueil et d’analyse nécessaires à mobiliser pour de telles approches. On sera particulièrement intéressés par les méta-analyses qui permettent de comprendre des aspects relatifs aux usages numériques. On s’intéressera également aux phénomènes de digitalisation des pratiques et des méthodologies des chercheurs (recherche outillée, traçage informatique des usages, mutualisation de corpus…). Le potentiel des traçages (qu’ils soient informatiques ou non) pourra être examiné en lien avec les questions éthiques que cela soulève.
Un axe « enjeux » donnera l’occasion de (ré)interroger des questions vives dans le champ de l’éducation liées au numérique : la mobilité et l’espace, l’attention, les risques psychosociaux (cyberintimidation, cyberpornographie, addiction, etc.), les rythmes et les temporalités, les formes scolaires, la culture numérique et les littératies, les régimes d’appropriation, les inégalités, les identités d’apprenant et d’enseignant, les évolutions du métier d’Enseignant-Chercheur, les liens entre usages, éducation et apprentissages, ainsi que le potentiel transformatif des pratiques des recherches sur les usages. Les recherches s’inscrivant dans ce dernier axe s’attacheront à questionner les moyens de production et d’étude de données empiriques pour examiner les enjeux de manière critique.
Les travaux des chercheurs en sciences du langage, sciences de l’éducation, sciences de l’information et de la communication, sociologie, psychologie, philosophie, géographie, informatique et sciences cognitives sont les bienvenus.
Organisé par le laboratoire ICAR, avec le soutien du CREAD et de TECHNÉ et avec la collaboration du collectif KAIROS, le colloque se tiendra du 22 au 23 mars 2018 à l’Institut Français de l’Education, sur le site Descartes de l’ENS de Lyon. Deux conférences plénières seront assurées par Brigitte Albero, Université de Rennes, et Ola Erstad, Université d’Oslo.
Site du colloque : https://usagesnumedu.sciencesconf.org/
Modalités de soumission :
Les propositions de communication, d’environ 700 mots, incluront (1) le cadre théorique, (2) les données sur lesquelles s’appuie la proposition et (3) cinq références bibliographiques au maximum. Les auteurs prendront le soin de souligner l’originalité de leur démarche, énonceront dans quel axe du colloque ils s’inscrivent et en quoi leur proposition contribue à apporter une dimension critique sur les usages numériques. Une évaluation en double aveugle sera conduite par le comité scientifique du colloque. Pour les modalités de soumission, veuillez-vous rendre sur cette page :
https://usagesnumedu.sciencesconf.org/resource/page/id/8
Publication :
Une sélection de textes sera soumise aux revues suivantes :
– la revue Education & Formation pour un numéro spécial consacré au colloque ;
– la revue STICEF pour un numéro thématique consacré aux Méthodologies d’étude des usages du numérique en éducation.
Ces publications seront sélectionnées par rapport aux exigences éditoriales de chacune de ces deux revues.
Dates importantes :
La date finale pour envoyer votre soumission est le 1er octobre 2017.
Réponse aux auteurs : mi-décembre 2017.
Pour nous écrire : jean-francois.grassin@univ-lyon2.fr
Comité scientifique (en cours) :
Président du CS : Nicolas Guichon, Université Lyon 2
Brigitte Albero, Université Rennes 2
Mireille Bétrancourt, Université de Genève
Georges-Louis Baron, Université Paris V René Descartes
Périne Brotcorne, Université Catholique de Louvain
Eric Bruillard, ENS Paris-Saclay
Jean-François Cerisier, Université de Poitiers
Simon Collin, Université du Québec à Montréal
Buno Delièvre, Université de Mons
Julie Denouël, Université Rennes 2
Bruno Devauchelle, Université de Poitiers
Jérôme Eneau, Université Rennes 2
Cédric Fluckiger, Université Lille 3
Sébastien George, Université du Maine
Jean-François Grassin, Université Lyon 2
Geneviève Lameul, Université Rennes 2
Elise Lavoué, Université Lyon 3
Stéphanie Mailles-Viard Metz, Université de Montpellier
Catherine Muller, Université Grenoble-Alpes
Stéphanie Netto, Université de Poitiers
Jean-Gabin Ntebutse, Université de Sherbrooke
Christian Ollivier, Université de La Réunion
Jean-Luc Rinaudo, Université Rouen Normandie
Annick Rivens Mompean, Université Lille 3
Elisabeth Schneider, Normandie Université
Stéphanie Roussel, Université de Bordeaux
Stéphane Simonian, Université Lyon 2
Thierry Soubrié, Université Grenoble-Alpes
André Tricot, Université Toulouse Jean Jaurès
Jérôme Valluy, Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Ciara R. Wigham, Université Clermont Auvergne