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Réflexions croisées sur la recherche participative 16 décembre 2022

Réflexions croisées sur la recherche participative

16 décembre 2022 14 heures –  17 heures (heure de Paris)

 

Le thème de la recherche participative en éducation et des liens entre chercheurs, praticiens, décideurs, industriels et marchands est ancien et relativement bien balisé, même s’il est loin d’être consensuel.

Les questions qui ne cessent d’insister sont celles des finalités visées, des postures des uns et des autres, de leur liberté d’action, des limites qui pèsent sur l’exercice d’un jugement objectif ou le plus désubjectivé possible, des exigences d’une démarche de recherche crédible et des critères de reconnaissance de ce genre de recherche.

Dans les dernières décennies, et contrairement à l’attitude condescendante parfois observée par des chercheurs se situant dans un paradigme de type expérimental à l’égard de la recherche-action dans les années 1970 et 1980, un renouveau est venu du continent américain, avec le Design-based research, méthodologie développée par l’International Society of the Learning Sciences (isls.org), et le design based implementation research (learndbir.org). L’approche des laboratoires de changement d’ Y. Engeström, diffusée à partir des années 2000, a également fourni de nouvelles références pour la recherche ayant une visée transformative.

Dans un texte de 2011, cet auteur soulignait l’intérêt de la recherche qui va au-delà de la relation entre variables et travaille sur les processus humains en cherchant à atteindre la causalité par l’observation et la reconstruction de séquences d’évènements. Cela conduit à considérer d’autres couches d’explication que les relations entre variables : une couche interprétative, une couche de contradictions et une couche d’agentivité, source d’innovation ou de transformation.

Un des problèmes souvent rencontrés est lié au fait que le recours à ces approches ne convainc parfois que ceux et celles qui sont déjà convaincus : les théorie sont rattachées à des domaines disciplinaires étudiant des champs partiellement communs avec leurs propres traditions, leur propre culture épistémologique. ll est toujours facile de plaquer toute théorieex post facto sur une approche méthodologique qui lui est peu reliée.

Or la valeur d’un travail scientifique en sciences humaines et sociales réside sans doute dans l’alignement entre théorie et méthode scientifique et dans le fait que les personnes responsables de la recherche ont directement affronté les problèmes embarrassants qui ont été rencontrés et pas toujours résolus.

En recherche participative, de plus, les agendas et les intérêts des uns et des autres sont loin d’être toujours compatibles. Une difficulté surgit toujours quand les interactions entre les différents acteurs sont systématiquement asymétriques (par exemple quand une catégorie est toujours en surplomb par rapport à d’autres).

Actuellement, il nous semble important que des communautés pluri-disciplinaires et pluri-professionnelles interrogent à nouveau la notion de recherche participative et la mettent à l’épreuve de leurs pratiques.

De ce point de vue, le travail entamé depuis 2 ans entre le GIS2if et le réseau Périscope a permis de croiser des points de vue de personnes engagées dans des cadres culturels et professionnels à la fois différents et suffisamment proches pour permettre la communication. Le moment nous semble venu de poursuivre la réflexion en s’appuyant sur le travail déjàeffectué sur les interactions entre pairs.

C’est pourquoi une rencontre en format hybride sera organisée le 16 décembre après midi (14-16 heures).

Son objectif sera de tenter de confronter à nouveau des points de vue contrastés et d’étudier dans quelle mesure il serait possible de préparer des interventions communes dans les manifestations scientifiques à venir.

L’objectif principal est, comme cela est indiqué sur le site du projet, https://tutop2021.sciencesconf.org est de mener une réflexion commune autour du thème général des tensions et problèmes relatifs à la recherche participative dans notre domaine. Il s’agit fondamentalement de réfléchir à des manières de renforcer une orientation de recherche que nous partageons, qui vise davantage à expliquer et fonder des problématisations partagées qu’à prédire.

Nous pensons à une série d’interventions courtes (pas plus de 5 à 6 minutes) s’appuyant sur des études de cas concrètes en cours et ouvrant des discussions entre les personnes présentes, après une courte introduction par Thérèse Laferrière et G-L Baron.

 Programme prévisionnel

Pour l’instant, les personnes ayant exprimé l’intention d’intervenir sont (par ordre alphabétique) :

Stéphane Allaire (Université du Québec à Chicoutimi, UQAC). On débat de ces questions au Québec…

Un débat public a cours ces temps-ci à propos des données probantes issues de méta-analyses et d’études comparatives à échantillonnage élevé. Les uns les présentent comme le nec plus ultra sur lesquelles devraient s’appuyer les pratiques et politiques éducatives. Les autres en appellent à les compléter avec des études qualitatives et participatives. À partir des résultats d’une récente étude empirique, nous illustrons pourquoi cette complémentarité est importante, au risque parfois de tirer des conclusions erronées. Nous discuterons aussi de quelques idées qui germent actuellement au sein de l’écosystème pour la recherche participative dans la région du Saguenay-Lac-St-Jean.

Elie Allouche (Ministère français chargé de l’éducation nationale, Direction du numérique éducatif). Recherche participative en éducation et politiques publiques : point d’étape sur les actions ministérielles en France

Accompagner la transformation numérique de l’éducation par la recherche participative : le dispositif des groupes thématiques numériques #GTnum (objectifs, posture, organisation, thématiques), leviers d’action (socle méthodologique commun, valorisation, réseau des DANE, partenaires scientifiques et opérateurs), apports et limites (corpus documentaire, évolution des compétences et profils professionnels, consensus/dissensus sur le numérique, complexité de l’écosystème/pluralité et hétérogénéité des acteurs, pistes de travail et d’application).

Maëlle Crosse (Université de Rennes 2). Le living lab, analyse critique d’un projet innovant d’articulation entre praticiens et décideurs

Soutenir le développement pédagogique par des recherches participatives : la naissance d’un Living Lab au sein d’un projet pédagogique porté par un consortium d’établissements d’enseignement supérieur, alors positionné dans un laboratoire SEF. Puis le transfert sur un nouveau projet avec à présent un rattachement à un service administratif et des enjeux évaluatifs. Quelle place, quelle posture, quelle légitimité et quelle liberté d’action pour les chercheur-ses dans une perspective de rencontre entre les sphères de la pratique, de la recherche et de la gouvernance ?

Hervé Daguet (Université de Rouen Normandie). La recherche participative à l’épreuve des réseaux sociaux : accompagnement formel et informel d’étudiants de L3 Sciences de l’éducation à Distance.

 

Nicole Monney (Université du Québec à Chicoutimi, UQAC). Recherche collaborative itérative : Rétroaction constructive des pairs pour une évaluation formative des apprentissages revisitée et enrichie

Le projet REPAIR (Rétroaction constructive des pairs pour une évaluation formative des apprentissages revisitée et enrichie), qui s’inscrit dans la foulée des discussions tenues précédemment lors des rencontres-échanges GIS2if et réseau PÉRISCOPE sur le tutorat par les pairs, financé par le ministère de l’Économie et de l’Innovation du Québec et coordonné par le Centre de transfert sur la réussite éducative du Québec, a pris son envol. Des séances de codesign auxquelles participeront notamment neuf enseignant·es, des directions d’établissement et des conseiller·ères pédagogiques, sont prévues pour l’hiver et le printemps. Elles permettront un retour réflexif sur les pratiques de rétroaction par les pairs qui se produisent dans le centre de services scolaire où se déroule le projet et de bonifier, par voie d’itérations successives, les pratiques en cours incluant les outils et instruments utilisés au départ.

Loïc Pulido, UQAC. Le consortium régional de recherche en éducation

Le Consortium vise à consolider le développement de la recherche en éducation et à alimenter une véritable culture de type Recherche et Développement aux divers ordres d’enseignement. Le CRRE assure la réalisation d’activités de recherche dans les régions du Saguenay-Lac-Saint-Jean, de la Côte-Nord et de Charlevoix. Il favorise la réalisation en synergie (commissions scolaires, cégeps et université) de travaux centrés sur la compréhension de phénomènes et sur la résolution de problèmes éducationnels.

Audrey Raynault (Université Laval). MIXITÉ 2.0 : une recherche collaborative en partenariat avec l’élève et ses parents

Le projet MIXITÉ est une recherche collaborative visant à faire participer l’élève activement dans son Plan d’intervention (PI) (problème partagé). Cela exige des intervenant·es scolaires et aussi de la santé et des services sociaux qu’iels collaborent en partenariat avec l’élève et ses parents tout au long du cycle de vie de ce PI afin de cocréer et d’expérimenter des pratiques de communication, de clarification des rôles et de collaboration à l’aide du numérique pour favoriser à terme la réussite et la persévérance scolaires des jeunes.

Arnauld Séjourné (Université du Mans). Les parents à l’école primaire en France : spectateurs ou acteurs ? Une étude de cas.

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