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Démarrage officiel, février 2019…

La création d’un GIS est toujours une tâche longue et délicate, le GIS2if en est un bon exemple. Mais heureusement, après les mois nécessaires à la signature de la convention, il existe officiellement. Nous rappelons ci-dessous ses grandes orientations scientifiques.

Deux journées sont prévues en 2019, les 23 et 24 mai, sur lesquelles d’autres informations devraient être bientôt disponibles.


Orientations scientifiques : repenser le rôle de l’innovation en éducation et en formation

Premier volet : interroger la notion et les pratiques d’innovation

Les métamorphoses de l’innovation ne datent pas d’aujourd’hui. Elles remontent en fait au tournant des XIXe et XXe siècles, lorsque le spectre de l’industrialisation se met à hanter la recherche en éducation et qu’il apparaît notamment que, pour elle, la bureaucratisation des établissements d’enseignement constitue simultanément et contradictoirement un obstacle et un moyen. L’important est toutefois de s’interroger sur ce qu’il y a aujourd’hui de nouveau dans les politiques d’innovation.

Trois faits méritent à cet égard d’être pris plus particulièrement en compte par les chercheur·e·s et équipes fédérées par le GIS2if.

Depuis plusieurs décennies, les tentatives visant à introduire ou à faire naître des innovations dans le système éducatif sont généralement suscitées ou tout du moins relayées par des politiques de grande envergure. Elles sont également favorisées par la multiplication des dispositifs dématérialisés d’accès au savoir, d’appropriation des connaissances et d’organisation des institutions et des collectifs.

Les politiques d’innovation en éducation ne sont pas dissociables de celles qui intéressent et affectent l’ensemble de la société. Ainsi les plans gouvernementaux d’« informatisation sociale » des années 1980, d’entrée dans la « Société de l’information » des années 1990 et de développement des « Territoires créatifs » des années postérieures à 2000 comportent-ils tous un volet « éducation ». Cette cohabitation entre information, communication, culture et éducation a,  sur chacun de ces secteurs, des incidences dont il conviendrait de prendre une mesure aussi complète que possible.

En outre, la situation actuelle est marquée par la diffusion de ressources numériques bien au-delà des dispositifs de formation institutionnalisée. Sur ce plan, une multitude de possibles apparaissent aujourd’hui sur le devant de la scène : jeux sérieux, géolocalisation, impression 3D, mais aussi l’internet des objets. Ce qui nous intéresse dans le cadre de ce projet est la mise en œuvre de ces nouvelles ressources pédagogiques par les enseignants et les formateurs, que ce soit en milieu scolaire, universitaire, ou en entreprise.

Second volet : interroger la notion et les pratiques d’industrialisation et de marchandisation ainsi que les nouvelles modalités d’intermédiations de la formation

Les recherches à venir s’organiseront, de manière non exhaustive, autour de trois objectifs principaux.

Enrichir la connaissance des travaux de chercheurs et d’experts sur les phénomènes d’industrialisation de la formation

La pensée de cette industrialisation prend son origine, au tournant des XIXe et XXe siècles chez des penseurs états-uniens liés au Social Efficiency Movement. Elle s’élargit et se modifie ensuite au fur et à mesure de l’apparition des grands mouvements visant à soumettre les manières d’enseigner, d’apprendre et d’administrer les établissements en particulier et le système éducatif en général aux impératifs industriels du rendement et de la productivité.

Pour rendre compte de ces modifications, il est nécessaire de poser des jalons, en fonction de périodisations aussi précises que possible, mais différenciées selon les moments et les régions concernées et de documenter les alliances imprévues et parfois paradoxales qui se sont nouées et se nouent encore entre, d’une part, les tenants de l’Éducation nouvelle en France ou les défenseurs des progressive schools en Amérique du Nord (autour de J. Dewey) et, d’autre part, les partisans des principes behaviouristes, dans la filiation de Burrhus Skinner. De même, si les théoriciens du capitalisme académique n’ont de toute évidence aucune parenté théorique avec ceux qui s’intéressent à la « McDonaldisation » de l’éducation, il n’empêche que les uns et les autres ont en commun, notamment, leur intérêt pour les politiques et stratégies de marque et les phénomènes de marchandisation.

Analyser des critères (ou marqueurs) d’industrialisation ou de post-industrialisation

Nous considérons que l’industrialisation est un processus composite se nourrissant de la conjonction de trois phénomènes différents : technologisation, rationalisation et idéologisation. Ces phénomènes conjugués constituent donc des critères susceptibles d’aider à caractériser le degré d’industrialisation de tel projet ou de telle situation. De là vient la nécessité d’apprécier et de mesurer sur un mode tendanciel les évolutions de l’industrialisation et de la complexité des phénomènes en jeu ainsi que les mouvements éventuels de post-industrialisation.

Ces trois processus et les critères auxquels ils correspondent ne sont pas exclusifs. Ainsi, il sera utile d’analyser notamment la professionnalisation d’ingénieurs d’éducation et d’ingénieurs de formation ainsi que la reconnaissance de leurs statuts dans les catégories professionnelles de l’Éducation nationale, notamment à l’université et dans la formation continue.

Penser l’articulation des discours et des pratiques au service de l’innovation

Ici comme ailleurs, les mots et les choses ne sont évidemment pas sans rapport les uns avec les autres (ne serait-ce que du fait de la dimension performative du langage). L’une des tâches prioritaires du Gis2if sera d’impulser des recherches portant sur des situations concrètes afin d’examiner quelles formes de cohabitation et de contamination l’ordre des mots et l’ordre des choses entretiennent l’un avec l’autre. Comme pour les pistes précédentes, cet examen procédera d’une démarche critique, indispensable à l’analyse distanciée des phénomènes en jeu.

Il conviendra aussi de s’intéresser aux « éducations à » qui peuvent être mises en place pour installer le numérique comme objet et comme domaine de culture ainsi qu’à leurs différentes finalités et modalités de mise en œuvre. Il est souhaitable qu’en cours de route d’autres orientations scientifiques et d’autres volets soient formulés par les membres du Gis2if. Ceux qui viennent d’être indiqués ne constituent en effet qu’une base de départ.

 

 

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